Comment les OSBL atteignent les donateurs potentiels Quand les personnes déconnectent et que leur intérêt s’émousse
Elle ne tarit jamais, la source d’informations négatives relatives aux guerres, aux attentats terroristes et aux catastrophes. Mais l’empathie baisse en proportion inverse de la fréquence des informations, de l’éloignement du pays ou du nombre de personnes frappées. Qu’est-ce que cela signifie pour les œuvres caritatives qui sont tributaires des dons, et ainsi de l’empathie?

Les reportages récurrents nous informent certes des misères des populations, mais il est souvent difficile de comprendre les aléas des guerres et de distinguer la vérité du mensonge. Et cette complexité fatigue. La misère désempare. À un moment donné, nous déconnectons.
Pour nous préserver?
Plus les informations négatives sont fréquentes, moins elles nous touchent. C’est une réaction tout à fait normale. Nous masquons instinctivement le négatif et nous nous retirons dans notre tour d’ivoire. Si chacune de ces terribles informations nous touchait de la même manière, nous ne serions bientôt plus en mesure de conduire notre propre vie, affirme la psychologue Beatrice Wypych de l’Institut de psychologie et de la gestion de la menace. Une certaine désensibilisation est ainsi normale, car elle permet de nous préserver.
Le mythe de l’absence de compassion
Avec la fréquence des informations négatives, la personne ne devient-elle pas seulement insensible, mais perd-elle également tout sens de la compassion? Des études de la London School of Economics and Political Science le réfutent. L’intérêt porté à la misère humaine ne s’émousse que si les personnes ne sont pas suffisamment informées. Lorsqu’elles comprennent les tenants et aboutissants et prennent conscience qu’elles peuvent changer certaines choses, elles sont capables d’étonnants mouvements de solidarité, concluent les études en question. Cela redonne de l’espoir aux œuvres caritatives.
Destins individuels versus catastrophe de masse
Selon les recherches sur le comportement, la misère d’une grande masse de personnes nous touche moins que le destin de certaines d’entre elles. Une masse est anonyme, des statistiques sèches composées de chiffres.
Par contre, les histoires d’individus touchent les donatrices et donateurs. C’est ce que montre l’immense succès du publipostage d’appel aux dons «Offen gesagt» de l’Aide Suisse à la montagne, qui donnait la parole à de très petites entreprises situées dans des régions de montagne, ayant particulièrement souffert du coronavirus.
Bilan
Pour inverser le risque de désensibilisation et de détachement, les organisations sans but lucratif devraient se démarquer des grands titres quotidiens et trouver d’autres voies pour atteindre des donatrices et des donateurs potentiels. L’application des principes suivants est recommandée à ce titre:
- Racontez une histoire captivante concernant certaines personnes.
- Créez un lien avec l’univers des destinataires.
- Montrez que l’espoir existe, qu’il y a un aspect positif et que le progrès est possible.
Les destinataires d’un publipostage de la Schweizerische Muskelgesellschaft ont ressenti dans leur propre chair comment les actes quotidiens les plus simples deviennent de véritables obstacles pour les personnes touchées par des maladies musculaires. Dans leur boîte aux lettres, ils ont trouvé une simple enveloppe blanche portant la mention «Difficile pour vous d’ouvrir cette enveloppe? Ne baissez pas les bras! Le motif vous sera dévoilé dès que vous y serez parvenu.» Cette injonction tombait à point nommé. Il fallait effectivement employer une force considérable pour ouvrir l’enveloppe en papier spécial résistant à la déchirure. Le motif était indiqué dans la lettre: «Les actes les plus simples peuvent s’avérer très difficiles pour les personnes atteintes de maladies musculaires. Votre aide est ainsi très importante.» Les destinataires ont ressenti ce qu’une maladie des muscles pouvait représenter. Le fait d’être personnellement concerné suscite l’empathie et le désir d’aider.